Homo detritus

La récente grève des éboueurs contre la réforme des retraites a transformé Paris en décharge publique.

On voit à quel point la quantité de déchets qu'on produit est hallucinante.

Ça me rappelle la lecture du livre Homo detritus - Critique de la société du déchet dont voici quelques morceaux choisis.

Introduction

La pollution serait-elle la marque caractéristique de la façon qu'ont les hommes d'être au monde ?

Le développement durable est dans toutes les bouches mais nos poubelles n'ont pourtant jamais cessé de grossir.

Depuis 40 ans, la croissance économique reste intimement corrélée à une augmentation de la production détritique.

L'invention des déchets

À côté des solutions terrestre pour absorber la surabondance détritique, la mise en décharge en mer ou en milieu océanique s'étend, et reste autorisée par la loi jusqu'au milieu des années 70.

L'immensité océanique apparaît comme un "ailleurs" de choix vis-à-vis des centres de vie.

  • Haneda et JFK remblayés par l'accumulation de déchets municipaux
  • Yume no shima (夢の島), île artificielle construite à l'aide de remblais

La société du recyclage

Les principaux groupes industriels iraient contre la réussite de leurs entreprises en encourageant la réduction des flux détritiques.

Si les déchets deviennent demain nos principales ressources, ne sommes-nous pas simplement contraint à jeter pour continuer à produire ?

Un monde plastique ou la fabrique d'une éternité « prête-à-jeter »

Certains matériaux produit depuis un siècle et demi :

  • se révèlent de plus en plus toxique
  • s'avèrent également incapable de réintégrer les cycles naturels

Métaux lourds, matières radioactives ou polymères de synthèse sont la marque d'une mutation majeure de la nature du gisement détritique global.

Certains déchets produits par l'industrie nucléaire sont à ce titre emblématique tant leur nature vient précisément perturber la possibilité du déploiement de toute forme de vie se trouvant à leur portée.

Les plastiques ont colonisé la biosphère.

Que désigne le terme plastique ? Dans l'usage commun, il définit une famille élargie de matériaux de synthèse, c'est-à-dire qui ont été produit par l'action humaine, dont les caractéristiques chimiques sont fondées sur le principe de l'association entre une structure moléculaire de type polymère et divers additifs, que l'on qualifie encore communément de plastifiants – Les plastifiants n'étant qu'une des nombreuses catégories d'additifs chimiques qui entrent dans la composition des principales famille de plastique.

BPA principe de précaution

Les additifs qui pourraient faire l'objet de controverses similaires au BPA sont innombrables.

Le plastique est il recyclable ?

La mise en place d'une filière permettant de traiter les déchets plastiques date de la toute fin du XXe siècle.

Le recyclage du plastique demeure, aujourd'hui encore, un défi technique rarement résolu : face à la très grande diversité des résines employées dans la fabrication d'objets, d'emballages et autres biens, il est particulièrement difficile d'obtenir un gisement détritique uniforme, ou "pur", garantissant un recyclage optimal.

Le traitement par combustion des déchets plastiques génère des formes invisible de pollution. Émissions de polluants organiques persistants POP.

Les déchets ultimes sont traités en centre d'enfouissement technique de niveau 1 ou installation de stockage de déchets dangereux ISDD.

L'histoire détritique de ces matériaux prométhéens cristallise aujourd'hui la façon dont les productions humaines ont colonisé la planète à toutes les échelles : des gigantesques océans de plastique aux particules nanométriques, issues parfois des processus de traitement des déchets, les polymères et leurs additifs composent désormais notre environnement autant que nos corps et ceux de l'ensemble des organismes vivants.

Malgré tous les efforts déployés pour les maîtriser, pour les traiter, pour les valoriser, leur présence là où on les attendait le moins semble désormais irréversible.

Alors même qu'une grande part de leur succès s'est fondée sur leur faculté à préserver l'environnement, sur leur capacité à protéger les biens de consommation, à les emballer, à les enjoliver, force est de constater que nous sommes désormais contraint d'essayer de nous protéger de leur prolifération invasive.

Ruban de Möbius - Logo recyclage ♻️

Retour à la terre

Tristram Stuart :

Le surplus que génère l'Occident de nos jours dépasse dans de telles proportions les besoins nutritionnels de la population qu'il est difficile de croire que cet excédent est nécessaire, sain ou sans danger.

Le lombricompostage fait partie des solutions envisagées.

Demain, zéro-déchet ? Une critique des promesses de l'économie circulaire

L'économie circulaire consiste à déphaser la croissance économique de la croissance des flux matériels.

D'un point de vue économique, « il est impossible de ne fût-ce qu'approcher l'idéal de circularité sans tourner le dos à un modèle productiviste et croissanciste qui table sur une « dématérialisation » indéfinie de la seule production, sans se préoccuper outre mesure des volume de consommation finale et de la croissance de la population mondiale ».

Alors qu'on incite les citoyens à se convertir aux bons gestes et au tri, nos métabolismes énergétiques et nos systèmes de production ne cessent de produire des quantités gigantesque de matières ingérables.

Conclusion

Nous avons fait de la Terre et de la vie qui l'anime un "environnement", nous avons conféré une extériorité au monde qui nous amène, aujourd'hui, tant à le polluer qu'à chercher, souvent vainement, à le protéger.

C'est peut-être de ce monde là, de cette représentation là d'un monde à maîtriser, qu'il s'agit désormais de faire le deuil.

Avant Complexité et principe de moindre surprise Après Ainsi parlait Iwata-san

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