Mémento et dictionnaire des Kanji

Notes sur le Mémento et dictionnaire des Kanji : 2143 Kanji usuels japonais par Jean-Claude Martin.

Jōyō Kanji

Les autorités japonaises limitent le nombre de caractères autorisés dans les publications officielles à 2136 Jōyō Kanji (常用漢字 littéralement Kanji usuels ou Kanji à usage commun).

Selon les dates et les choix éditoriaux, certains ouvrages en dénombrent parfois 2141 ou 2143 (comme dans le Mémento).

À titre de comparaison, le nombre d'entrées dans le dictionnaire Dai Kan-Wa Jiten s'élève à 50000.

Méthode d'apprentissage

Pour atténuer la difficulté d'apprentissage de plus de 2000 Kanji, le Mémento propose une approche analytique.

Elle consiste à analyser un Kanji selon ses 2 composants (à l'exception d'une partie des clés constituant elles-mêmes un Kanji) :

1. le radical phonétique :
   • donne le sens général
   • et la prononciation "ON" (sino-japonaise)
2. la clé :
   • affine le sens général du radical phonétique
   • sert à classer en indiquant la catégorie (la matière dont il est fait, sa nature, sa fonction, etc.)

Méthode :

• apprendre d'abord les clés
• puis les radicaux (eux-mêmes formés de clés)

Clés et radicaux phonétiques

Chaque Kanji est classé sous une clé :

• sur les 214 clés de Kangxi, les Jōyō Kanji en utilisent 200
  • dont les 24 les plus utilisées concernent 1243 Kanji (58%)
• une clé se caractérise par :
  • sa forme (certaines clés possèdent plusieurs formes)
  • la position qu'elle occupe par rapport au radical (à droite, au dessus, etc.)

Il y a environ 500 radicaux phonétiques de base :

• organisés par familles
• un radical est lui même formé de clés

Avec 24 clés et les grandes familles de radicaux, on peut connaître 50% des Kanji.

Origine de la méthode

Ce principe avait présidé à la rationalisation dite de "Li Si" qui portait sur 3300 caractères.

Li Si a proposé un système combinatoire en 2 composants :

• radical phonétique
• clé affinant le sens général

Dans ce système, tous les caractères d'une même famille se prononçaient de la même façon :

• le radical phonétique donnait la prononciation aux autres membres de sa famille
• et un sens général qui, précisé par la clé, donnait le sens précis du Kanji

Selon son principe :

• il aurait suffit de connaître une cinquantaine de clés
• et autant de radicaux pour former 3300 caractères
• 56 × 57 + 56 + 57 = 3305

Limites de la méthode

Hélas, au fil du temps :

• le nombre de caractères a augmenté
  • un siècle après Li Si, le nombre de caractères avait presque triplé
• des prononciations ont dérivé
• des erreurs se sont transmises dans les transcriptions des caractères
• l'évolution phonétique japonaise a apporté des altérations supplémentaires à cause :
  • des usages
  • de la transposition d'une langue tonale et monosyllabique dans une langue atonale et polysyllabique
• etc.

L'approche analytique reste satisfaisante pour un Kanji sur deux.

Pour cette moitié, la rationalité du système aide à mémoriser les lectures "ON" (sino-japonaises).

Typologie des caractères de Hsu Shen

Un siècle après Li Si, Hsu Shen a donné dans son Sho Wen (说文解字, Shuōwén Jiězì) une explication systématique de l'origine des caractères.

Il a classé les caractères, désormais au nombre de 9352, en :

Type	Nom	Nombre	Pourcentage	Description
Caractères simples	Pictogrammes	363	4 %	Comme 山 ou 子 où le caractère représente un objet, une personne…
	Symboles	125	1 %	Comme 上 ou 下
Caractères composés	Idéogrammes	1167	13 %	Comme 明 (soleil et lune) dont l'idée vient de la juxtaposition de deux pictogrammes
	Phonétiques	7697	82 %	Composés : d'une partie que faute de mieux nous appellerons "radical" d'une clé qui sert à les classer Subdivisés en : phonétiques purs emprunts phonétiques caractères mal transcrits

Typologie des caractères du Mémento

En sus d'une classification systématique par nombre de traits et par clés, le Mémento propose une typologie en six origines phonétiques (types A à F) permettant de déterminer la nature d'un Jōyō Kanji :

Les chiffres sont à prendre avec précaution :

• dans l'index des radicaux (p.228)
  • les chiffres de l'introduction sont difficiles à réconcilier avec ceux du classement
• dans la liste des Type A et Type D (p.260) :
  • on retrouve bien 33 clés "pures" de Type A
  • mais les chiffres ne collent pas pour le Type D
    • 181 dans l'introduction vs. 191 dans le classement
    • alors qu'on en compte 210 à la main